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LE BLOG DE PASCAL DEBRE
22 décembre 2015

FPI : LE RAPPORT D'ENQUETE PARLEMENTAIRE MANIPULE

La commission d’enquête parlementaire commise sur décision de la plénière de l’Assemblée Nationale du 27 janvier 2015 suite à une motion d’interpellation de l’ADG du Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI), Constantin Mbengele, a officiellement déposé son rapport au cabinet du Président du Bureau de la Chambre basse, l’Honorable Aubin Minaku, en date du 18 novembre 2015 pour dispositions utiles. Cette commission avait été formée à la suite d’une motion du Député National Fidèle Likinda pour des griefs divers qu’il avait portés à l’encontre de l’ADG Mbengele et l’ensemble de son comité de gestion.

Alors que l’on s’attend à la suite des étapes composant généralement la démarche d’une enquête parlementaire, notamment sa présentation à la plénière et tout ce qui s’en suivrait comme débats, conclusions et recommandations, ce document fait déjà le buzz sur le Net où certains sites bien connus et identifiés l’ont même posté entièrement en fac similé. Ce document, qui a également été exploité par certains journaux de la place, est précédé des commentaires qui suscitent bien d’interrogations sur la finalité d’une telle escalade communicationnelle qui a fini par trahir ses contours politiques.

 

Les preuves d’une manipulation politique

En un mot comme en mille, l’on constate, d’une part, que ce document, également parvenu chez le Rapporteur de l’Assemblée Nationale en date du 15 décembre 2015, a fuité à un certain niveau et sert aujourd’hui d’arme politique de ceux qui le détiennent et qui ont été les premiers à l’exploiter contre leurs adversaires. Il s’agit, plus précisément, d’un groupe opposé à la Majorité qui y aurait trouvé un moyen de l’enfoncer dans l’opinion.

D’autre part, on constate que, malgré le fait que l’entièreté du document a été publiée, son exploitation est faite d’une manière sélective et tendancieuse de certains de ses passages pour des raisons évidentes.

De même, en examinant de près le fac similé posté sur le Net et certains passages exploités dans la presse écrite à Kinshasa, on conclue que les documents exploités proviennent de la même source. Ceci se démontre par le fait que les passages surlignés en rouge sur le fac similé du Net correspondent à ceux qui ont été exploités dans la presse écrite. La source (ou l’inspirateur) est la même !

L’intérêt sur ce rapport d’enquête est focalisé sur la liste des bénéficiaires des financements du FPI, liste sur laquelle sont alignés pêle-mêle des nationaux comme des étrangers. Des détails sont, cependant, ajoutés intentionnellement pour accabler certains des bénéficiaires des financements sans aucune garantie de l’authenticité de ces ajouts. La sélection même de ces bénéficiaires/promoteurs, dont les noms physiques sont mis en exergue alors que le FPI ne traite qu’avec des personnes morales, pousse bien à des interrogations sur les auteurs d’un tel exercice et ses intentions.

Des interrogations d’autant plus légitimes que le choix des noms trahi le bord même de ceux qui s’y sont exercés. L’on constate, en effet, que la plupart d’autres noms, figurant pourtant sur le document, sont omis du simple fait que les personnes concernées ont récemment quitté la Majorité alors que leurs entreprises ont bénéficié des prêts du FPI qu’ils doivent encore rembourser. Ceci indique clairement la tendance des divulgateurs du rapport sous examen et leurs intentions qui ne sont autres que de manipuler l’opinion en cette période de lourds antagonismes politiques. « Du pain béni pour ces « conjurés » de l’île de Gorée qui y trouve un moyen de se dédouaner et se faire oublier de la pression de l’opinion ces derniers temps », commente un observateur.

On ne pouvait pas s’attendre à autre chose lorsqu’on se souvient de la bousculade politique suivie de l’escalade médiatique qui avait entouré ce dossier pendant une certaine période jusqu’à ce que le Parlement soit impliqué. Aujourd’hui, cependant, la nouvelle connotation politique de la manipulation de ce dossier est totalement différente des protagonistes de départ et épouse, politiquement et sur le plan de la « géopolitique » à la congolaise, la configuration politique actuelle consécutive au repositionnement de certains acteurs sur l’échiquier politico tribal national…

Plus encore, la sélection des noms des bénéficiaires mis en évidence avec des détails parfois fausses (certaines femmes attribuées comme copine à des personnalités politiques, sont, en réalité, d’honorables femmes mariées) a été faite sur base de la liste des bénéficiaires sélectionnées au hasard par la commission d’enquête pour les besoins de cette dernière. Cet échantillon ne reflète donc pas l’ensemble des bénéficiaires, plus de 390 pour la période de 2008 à 2014 selon le rapport d’enquête, pour pouvoir asseoir une thèse ou tirer une conclusion quelconque, du moins à ce stade. Ceci d’autant plus, par ailleurs, que les auteurs de cette confusion présentent parfois les interlocuteurs des enquêteurs descendus sur terrain comme étant les propriétaires/promoteurs des entreprises ayant bénéficié des financements pour leurs projets.

Autre confusion, les projets sélectionnés et leurs supposés promoteurs n’ont pas tous la même échéance de remboursement, en sorte qu’il est hasardeux, à ce stade, de parler déjà – et indistinctement - de saignée des recettes de l’Etat, car certaines entreprises sélectionnées au hasard n’ont même pas encore atteint leur première échéance de remboursement. D’autres encore sont en phase d’acquisition des équipements ou de leur installation, en sorte qu’elles ne sont pas encore en phase de production. Raison pour laquelle les enquêteurs descendus sur le terrain ne trouvaient, parfois, pas de trace des unités de production évoquées dans leurs documents, tout simplement parce que ces unités étaient encore sous emballage pour certains. Cette catégorie concerne les projets récemment financés.

Autant donc d’éléments qui pose les observateurs à dénoncer cette perte des limites que les protagonistes s’amusent à dépasser comme si l’on vit déjà le grand moment de la terre brûlée que certains promettent au Congo sous prétexte d’un devoir de citoyen plutôt mal assimilé. Dans le combat des gladiateurs de ces temps nouveaux, le ton serait à tout casser, quitte à réparer après.

Ce qui arrive aujourd’hui au FPI devrait interpeller les consciences et constituer une représentation de ce qui pourrait advenir de la RDC en cas d’extension de cette expérience à d’autres niveaux dans la quête étrennée du pouvoir. Ce rapport d’enquête a été sorti entièrement de son contexte pour insinuer d’autres crises aux conséquences imprévisibles.

A leurs auteurs de les assumer.

Jonas Eugène KOTA

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