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LE BLOG DE PASCAL DEBRE
4 avril 2016

POUVOIR ET ELECTIONS EN RDC : LES AFFABULATIONS DE GERMAIN NZINGA MAKUTU MISES A NU

Germain Nzinga Makutu s’est fendu d’une analyse sur le site du DESC (wondo.org) au sujet d’une complicité (théâtre) qui se jouerait entre le Président Joseph Kabila et Moïse Katumbi en connivence avec Paul Kagame. En réalité, M. Nzinga n’apporte rien de nouveau puisque ces affabulations ont déjà été avancées par d’autres personnes avant lui.

Dans le fond, Nzinga Makutu assoit son analyse sur des fausses prémices qui débouchent, tout naturellement, sur de mauvaises conclusions. Ce qu’il qualifie de faits et qu’il avance n’est qu’un produit de son imagination et qui est très loin de la réalité. le présente recadrage consiste donc à rendre la vérité pour mettre fin à cette intox de mauvais goût.

Par besoin de chronologie, nous allons commencer par rétablir la vérité sur l’affaire Kamerhe avant d’en arriver à Moïse Katumbi et aux rapports avec Paul Kagame.

 

  1. 1.   De l’affaire Kamerhe

Contrairement à ce qu’avance Nzinga Makutu, Vital Kamerhe avait bel et bien rompu ses relations avec sa famille politique et ne peut plus être considéré comme un complice du Président Kabila sous prétexte d’affaiblir l’opposition. Et avant d’aller plus loin, il faut respecter l’histoire en notant que Vital Kamerhe n’était pas le premier Secrétaire Général du PPRD, poste qu’il avait hérité de Tshikez Diemu. A sa prise des fonctions, ce parti était déjà structuré et implanté à travers toute la République. La visibilité de Kamerhe s’était particulièrement remarquée avec la pré-campagne électorale qu’il avait menée à travers la République en prévision des élections de 2006.

A l’occasion des élections de 2006, Vital Kamerhe se trouvait déjà en contradiction, non seulement avec le directoire politique national du PPRD, mais aussi avec l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP) de l’époque. En interne, Kamerhe voulait s’afficher comme l’autorité suprême, le centre d’impulsion de toutes les actions du parti. C’est ainsi qu’il démantela aussi bien les caucus des femmes que les ligues des jeunes dans le but de tout contrôler à son niveau.

Au niveau de l’AMP, Vital Kamerhe était opposé à la création de cette plate-forme autant qu’à toute forme d’alliance comme il en sera conclu avec le PALU et l’UDEMO, cela sous prétexte que le PPRD était capable, à lui seul, de remporter la majorité au Parlement pour ainsi contrôler la Primature qu’il convoitait déjà en sa qualité de patron du Parti qu’il espérait remporter la majorité. C’est ainsi qu’il combattit farouchement André Philippe Futa à qui le Président Kabila confia la charge de monter cette plate-forme qui naîtra plus tard sous la dénomination de l’AMP.

Il est bien vrai qu’après les législatives de 2006, le PPRD remporta le plus grand nombre des sièges, sans cependant atteindre à lui seul la majorité. Celle-ci ne fut possible qu’avec les alliances qui avaient été tissées en amont, à l’instar de celle avec le PALU à qui revenait la Primature.

Contraint, par la force des choses, de se contenter du perchoir de l’Assemblée Nationale, il se mettra alors en croisade contre le Gouvernement à travers une multitude de motions dont il initiait certaines en complicité avec des députés de l’opposition. Entre-temps, il fédérait autour de lui ces députés de l’opposition et d’autres de la majorité, comme Claudel Lubaya, qui se disaient délaissés par le pouvoir pour n’avoir pas été désignés ministres alors qu’ils avaient beaucoup contribué à l’élection du Président de la République.

Dans la même période, et comme il l’avait dit et répété plusieurs fois dans son discours de démission, il se plaignait de ce qu’il appelait le gouvernement parallèle simplement parce qu’il sentait qu’il perdait progressivement son influence dans le pré-carré du Chef de l’Etat. Avant de démissionner de ses fonctions de Président de l’Assemblée Nationale, Vital Kamerhe avait été interpellé par le directoire politique national du PPRD à la suite de ses déclarations en rapport avec la traque conjointe des FDLR par les FARDC et l’armée rwandaise à laquelle il s’était également opposé.

A cette occasion, Kamerhe s’était plaint du fait que les « cercles de réflexion » qu’il avait formés autour du Président Kabila avaient été démantelés. Il avait aussi cité des noms des membres de ces cercles de réflexion, comme Jean Mbuyu et Sekimonyo, en avançant qu’ils ne savaient plus accéder au Chef de l’Etat. La réunion se termina presqu’en eau de boudin suite à une montée de tension entre lui et Boshab qui avait été désigné SG du parti après lui.

Pour en venir à la goutte d’eau qui avait débordé le vase, on se souvient de la déclaration que Vital Kamerhe avait faite après le lancement de l’opération Umoja Wetu contre les FDLR. En substance, il avait déclaré ceci : « je venais de passer trois heures (de 10 heures à 13 heures) avec le Président de la République qui m’avait assuré que cette opération n’allait pas être déclenchée. Grande a été ma surprise, en arrivant à mon bureau, de suivre presqu’en direct sur France 24 l’entrée des troupes rwandaises en territoire congolais. Je vous assure que nos mamans qui travaillent dans les champs peuvent s’évanouir au simple vu d’un uniforme militaire rwandais ». Soit dit en passant, on n’enregistra aucune femme tombée en syncope à cause de cette traque conjointe.

En entrant ainsi publiquement en contradiction avec le Président de la République qu’il accusait indirectement de lui avoir menti, Vital Kamerhe ne pouvait, logiquement, qu’en tirer les conséquences et s’en aller. Cela est tout à fait normal en politique comme c’est souvent le cas en France, par exemple. Le dernier cas en date est celui de Mme Christiane Taubira qui avait démissionné suite à ses divergences avec son Gouvernement, notamment dans le débat sur la déchéance de nationalité pour les binationaux.

A ce stade de la restitution des faits, on peut déjà comprendre que contrairement à ce qu’avance Nzinga Makutu, Vital Kamerhe était bel et bien entré en contradiction avec le Président de la République et sa famille politique et ne pouvait, donc, que s’incliner selon les règles de la politique. Cela sera d’autant plus patent qu’à son départ, il sera suivi par d’autres députés aigris de la majorité et quelques-uns de l’opposition qui lui étaient devenus fidèles. On était alors loin, bien loin de tout calcul électoraliste, d’autant plus qu’on était encore à deux ans des élections de 2011 et que la Constitution avait été révisée pour ramener le nombre des tours de l’élection présidentielle à un seul.

A ce titre, comment peut-il être possible de justifier une connivence entre Vital Kamerhe et Joseph Kabila pour des joutes électorales coupe-gorge ? Est-ce en s’affaiblissant avec le départ de Kamerhe et d’autres cadres de la majorité que Kabila espérait être réélu en 2011 ? Ces questions peuvent encore être posées aujourd’hui au moment où Vital Kamerhe est aux premières loges de ceux qui crient vivement au départ de Kabila après 2016. Kamerhe est même dans la clique de ces leaders politiques qui sont cornaqués par les occidentaux qui cherchent à reprendre le contrôle des pouvoirs en Afrique après y avoir perdu l’influence au profit des chinois, indiens et autres pakistanais pour avoir longtemps guerroyé au Moyen Orient contre le terrorisme et l’islamisme, délaissant ainsi les marchés africains.

En effet, Vital Kamerhe fut du groupe de la dizaine de politiciens invités aux USA pour y subir un casting des présidentiables. Dans son rapport final, Herman Cohen, qui avait initié ce casting, avait conclu qu’aucun de ses invités n’avait l’étoffe présidentielle. C’est à partir de là que les recherches des occidentaux vont être tournées vers Moïse Katumbi pour aboutir, comme nous allons le voir un peu plus loin, à la création du G7.

Vital Kamerhe fut aussi du groupe de ces politiciens et des membres de la société civile qui s’étaient retrouvés à l’île de Gorée, toujours sous l’instigation des USA, pour être initiés aux techniques de subversion et d’insurrection pour renverser le pouvoir, au besoin avant l’échéance du mandat présidentiel qui est en cours.

 

  1. 2.   Du cas de Moïse Katumbi

De prime abord, il faut noter que Moïse Katumbi n’est pas un politicien à proprement parler. A l’instar des « swiches states » qui sont les plus influents dans les élections présidentielles aux USA, Katumbi peut être considéré comme une « swich person » dont la popularité avait été déterminante pour les élections de 2006 et 2011 à Lubumbashi et ses environs, et non dans l’ensemble du Katanga. On lui doit ce statut en raison de sa popularité, non pas comme leader politique, mais plutôt comme une personne sociologiquement influente à travers le TP Mazembe qu’il dirige.

C’est à ce titre, et à ce titre seulement, que Joseph Kabila l’avait attiré vers la politique après l’avoir ramené de l’exil parce qu’en visionnaire qu’il a toujours été, il avait, très tôt, compris la nécessité d’approcher vers lui ce genre de personnes influentes comme il le fit avec bien d’autres leaders sociaux essentiellement dans les provinces de l’Est et dans le Bandundu avec le PALU de Gizenga.

C’est aussi à ce titre que les Occidentaux ont trouvé en Moïse Katumbi l’illusion d’un leader qui ferait bien un Président. Dans les calculs et les visées des Occidentaux, Katumbi est le pigeon idéal qui leur permettrait d’avoir enfin le contrôle du pouvoir.

En effet, loin d’être un modèle de vertu dans les affaires, Moïse Katumbi serait ce Président idéal qui se contenterait de poursuivre ses affaires en toute tranquillité tout en permettant aux Occidentaux de reprendre pieds dans les affaires en RDC pendant qu’ils contrôleraient les arcanes du pouvoir à travers leurs hommes. C’est de cette logique qu’a découlé l’idée de constituer un groupe de politiciens en perspective des élections. Ainsi naquit le G7. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer la configuration géopolitique de ce regroupement.

Celui-ci est, en effet, constitué de personnalités qui constituent la cartographie géopolitique de la RDC. Ses membres viennent, en effet, aussi bien de l’Est que de l’Ouest, du Nord et du centre du pays. On peut parier fort que ce sont eux qui contrôleront les postes clés du pouvoir si Katumbi y accède.

Mais pour y parvenir, il fallait bien commencer par constituer ce groupe autour de ce que les Occidentaux considèrent comme l’homme-lige. Il fallait, ensuite, trouver un prétexte pour le sortir de sa famille politique. Katumbi y travaillait déjà depuis quelques temps avant de lancer sa boutade sur les trois penalties. A la même occasion, il avait fait une autre déclaration passée inaperçue. Il avait, en effet, traité les membres du Gouvernement central de voleurs au sujet du prix du carburant qui ne baissait pas à la pompe alors que le baril de pétrole ne cessait de dégringoler sur le marché international.

Ayant ainsi réussi à tisser sa toile, la seconde phase consistait à lui trouver une classe politique. Des personnalités sont alors recrutées pour adresser une première lettre ouverte au Chef de l’Etat en sa qualité d’autorité morale de la majorité. Ce texte va susciter des débats houleux autour du Président à sa ferme de Kingakati avant que les choses ne se calment.

La seconde lettre, qui, dans le fond, ne contenait rien de nouveau, va faire déborder le vase simplement par la forme. En effet, ses auteurs ont délibérément choisi d’offenser le Président de la République en publiant cette lettre le même jour où elle était en train d’être déposée auprès de son destinataire. Ils n’ont pas attendu le délai administratif de transmission de cette lettre.

Leur volonté était claire : se faire évincer pour ainsi se positionner facilement dans l’opposition. Depuis lors, comme tous les autres dissidents de la majorité, le G7 va multiplier des incidents et des provocations pour jouer à la victimisation.

En conclusion, on notera que, contrairement aux affabulations de germain Nzinga Makutu, Moïse Katumbi et le G7 sont des purs produits des Occidentaux, d’abord pour affaiblir Kabila en perspective des prochaines élections, et ensuite dans l’espoir de contrôler le pouvoir après 2016. En appoint de cette stratégie, les Occidentaux contrôlent un autre groupe de politiciens et d’activistes de la société civile, le « Front citoyen 2016 », pour entretenir la tension sur la scène politique et faire pression sur le pouvoir en place.

 

  1. 3.   De la connivence avec Paul Kagame

La prétendue connivence que Nzinga Makutu et bien d’autres avant lui, comme Honoré Ngbanda, avancent entre Kinshasa et Kigali n’est, une fois de plus, que le produit de leur imagination sortie tout droit des laboratoires d’intox. Il est bien vrai que Paul Kagame bénéficie des soutiens en Occident, mais ça s’arrête-là parce que, les faits le démontrent, entre ces occidentaux et Joseph Kabila ça n’a plus été le grand amour, les premiers reprochant le second de les avoirs délaissés au profit des Chinois à qui il a ouvert les marchés d’investissement pour financer son plan de reconstruction et de modernisation de la RDC. Cette logique est d’autant plus claire qu’aujourd’hui encore, Paul Kagame sous-traite les plans de déstabilisation et de balkanisation de la RDC dans le but de faire main basse sur ses richesses de l’Est, surtout les minerais nécessaires à la technologie de haute pointe comme le coltan.

Au demeurant, s’il y avait une connivence entre Kabila et Kagame, les Occidentaux, qui soutiennent ce dernier au point de fermer littéralement les yeux lorsque celui-ci avait tripatouillé la constitution de son pays pour s’aménager la possibilité de rempiler, les occidentaux donc ne seraient pas aussi casse-pieds avec Kabila qu’ils accusent matin et soir de faire des manœuvres pour rempiler aussi après 2016.

 

  1. 4.   Conclusion

Tout ce qui précède comme analyse s’est basée sur des faits réels, rien que des faits, et non des affabulations qui alimentent de prétendues analyses et rythment la vie d’une certaine diaspora en mal d’inspiration et surtout mue par une volonté de nuire jusqu’à leur mère patrie. Germain Nzinga Makutu est de la veine de ces pseudo-analystes qui rabâchent les mêmes choses au point de provoquer une cacophonie intellectuelle.

Au demeurant, tout cela serait considéré comme une insulte au peuple congolais dont la maturité politique n’est plus à démontrer. Leurs choix politiques ne font pas d’eux des moutons de panurge ou des chiens de Pavlov qui se laissent embarquer dans des manipulations politiciennes qui n’existent que dans la tête de ceux qui ont trop des romans d’intrigues.

Pascal Debré Mpoko

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